Tourista : l’épopée rocambolesque !

IMG_0560Ah, le voyage … Ce savoureux interlude qui peut virer au cauchemar si l’on attrape la malheureuse et redoutée bactérie : la tourista. Médecins, proches, voyageurs … Tous y sont allés de leurs expériences pour nous mettre en garde.

Nous savons qu’elle plane au dessus de nos têtes, sans jamais savoir quand et où elle va tomber… Pouvant donner lieu à des épopées rocambolesques !

Mardi 30 juin, deuxième jour à l’association Dharavidiary, nous partons avec quelques jeunes et Nawneet au cœur du bidonville pour le premier tournage. L’estomac lourd depuis la veille au soir, je décide malgré tout de les suivre. Après tout … Ce n’est que pour cinq heures. Le labyrinthe de ruelles, tortueuses et emmêlées, brouille les pistes. Impossible d’en sortir sans un expert des lieux.

Nous arrivons dans la maison de Sonali et Rupali, les deux sœurs. Elle se trouve au bout d’un chemin étroit où la lumière du jour peine à s’engouffrer. Rupali me présente à chaque membre – plusieurs générations vivent sous le même toit- et me fait visiter le moindre recoin de cette maison, jusqu’à l’espace religieux au sous-sol de la maison où deux femmes pratiquent le rite.

Mon estomac, déjà bien mal depuis le matin, tambourine à plus vive allure. Ma tête commence à tourner, mon corps frissonne et les gouttes de sueur envahissent mon visage. Celui de Rupali devient trouble, l’intensité de sa voix semble s’affaiblir.

Quelquessecondes ou minutes plus tard, j’ouvre les yeux… Avachie sur l’un des lits de la maison. Au dessus de ma tête, Rupali et les autres tentent de comprendre ce qui m’arrive. On m’apporte de l’eau, du sprite … La grand-mère insiste même pour que je prenne un « remède miracle » pour me remettre en forme. Malgré le cataclysme dans ma tête, je reprends mes esprits.

Where is the toilet, please?

La question met mal à l’aise Rupali. Elle m’explique qu’il faut marcher entre dix et vingt minutes pour rejoindre l’école et ainsi éviter les toilettes collectives qu’elle craint de me montrer. J’acquiesce. Finalement, je cours vomir dans la pièce de la maison qui sert à la fois d’urinoir, de salle de bain et de lavoir.

Naïvement, je me dis que tout ira mieux désormais. Ce n’était qu’une mauvaise passe ! Je rejoins alors le reste de la troupe à l’extérieur. Ils ont commencé à tourner. Assise, un peu ailleurs, je savoure ce moment. Toutes les portes sont ouvertes et les enfants vagabondent dans les ruelles en riant. Rupali n’a pas l’air si confiante pour moi. La couleur de mon visage vire au blanc de nouveau. C’est désormais sûr, la tourista fait des siennes !

Il faut que je sorte du bidonville pour rejoindre la guest-house, à 20 minutes en taxi. Après plusieurs épisodes d’hésitation à cause des vertiges, je décide de tenter le parcours (du combattant). Sinon c’est sûr, je devrais passer la nuit ici. Et mes hôtes semblent bien décidés à ne pas me laisser rentrer dans cet état. Nawneet recommande à deux jeunes (Rupali et un autre adolescent du centre) de me suivre. L’un porte mon sac, l’autre se glisse sous mon épaule.

Le trajet semble durer une éternité. Et le slalom dans le labyrinthe de Dharavi ne fait qu’empirer les vertiges. Je vois l’artère principale au loin … Enfin ! Mais mon corps en a décidé autrement. Au milieu de la foule dense et compacte, je ne parviens plus à avancer. Black out ! Je sens mon corps s’effondrer au sol et tente de ramper jusqu’à une ruelle pour éviter de me faire piétiner par la foule animale et humaine. Allongée au sol à vomir, plongée dans un état second, j’attire les regards comme une bête de foire.

Les gens jacassent, s’agglutinent autour de moi. Les voix indiennes chantonnent dans ma tête, je vois des sourires se dresser, des mains se tendre. Certains en poussent d’autres pour m’apporter de l’eau et de la nourriture. Je bredouille un « Non », de peur d’empirer mon état. Finalement, un homme parvient à me soulever et m’emmène, avec les deux jeunes, à son domicile pour me permettre de reprendre mes esprits. Je le suis aveuglement, heureuse de cet élan de solidarité envers une inconnue en détresse.

Moi qui quelques jours auparavant ne me sentais pas forcément à l’aise dans ce nouveau monde, j’y ai sauté à pieds joints. D’un lieu à l’autre, j’adresse des remerciements tant que possible. La tête défaite par les événements, les cheveux en pagaille et les vêtements totalement tâchés de terre.

Dehors, la foule n’est pas encore disloquée. On me repère, m’adresse des « You feel better ? ». Les deux jeunes m’accompagneront finalement en rickshaw jusqu’à mon domicile. Soucieux et attentionnés.

Cet épisode peu flatteur aura au moins quelques mérites. La ville de Bombay, impénétrable et mystérieuse, effrayante par l’ampleur de sa foule et sa saleté, s’est ouverte sous un autre prisme dans mon esprit.

3 réflexions sur “Tourista : l’épopée rocambolesque !

  1. C’est vrai que vue de l’extérieur, Bombay me donnait l’image d’une ville dangeureuse et impénétrable.. Je me suis toujours dit que c’est pas une ville à visiter seule…
    Tant mieux, si des personnes t’ont pu apporter leur aide, c’est le plus important !
    J’espère que tu va mieux !

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  2. Je suis impressionnée par cet épisode. Rassurée aussi de cette solidarité qui s’est manifestée autour de toi. Eh oui la Tourista ce n’est pas banal. Essaie de trouver les remèdes les plus appropriées . Bon courage.

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  3. et voilà…. à manger ou boire ce qu’il ne faut pas avec nos estomacs fragiles ! Ma pauvre Mathilde, rien ne meilleur que les petits chocolats d’à côté et contente de voir que la solidarité n’est pas un vain mot. Bises

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